Hommages à quelques moqaddams (compagnons) de Serigne Abass dont des informations à leur propos étaient à notre disposition.
**************
SERIGNE MOUSTAPHA NIANG (1920-2003) : L’ILLUSTRE SOUFI DE KAOLACK (Par Magueye Gueye)
SA FAMILLE ET SES ORIGINES
D’un père marabout khadre, Serigne Moustapha Niang s’est entièrement dévoué à la pratique de l’islam, mêlant ainsi foi et pureté. Il est né dans la région de Louga en 1920 et vivait dans le village de Thiky (région Kaolack) chez El Hadji Ibra Niang. C’est par la suite qu’il vint à Kaolack pour faire du commerce.
SON ÉDUCATION
Élevé dans un milieu essentiellement religieux, son éducation sur la foi naturelle et spontanée en fera de lui un fin lettré, mais aussi un croyant fervent. Guidé par sa droiture et sa sincérité envers son Cheikh, il a su forger au sein des illustres compagnons de Serigne Abass, un destin de meneur d’hommes.
SA GRANDE DETERMINATION DANS LA TARIKHA DE CHEIKH ET ENVERS SON GUIDE RELIGIEUX SERIGNE ABASS SALL
Dans la tarikha (voie) de Cheikhana Ahmed Tidiane Cherif, il restera très attaché jusqu’à sa disparition. Serigne Moustapha était quelqu’un de généreux qui dépensait pour Serigne Abass sans compter, surtout lors des cérémonies comme le Maouloud, la Ziara de Nguick, le Gamou de Taaba, etc. Avant sa rencontre avec Serigne Abass, il a eu à faire des KHALWAS (retraites spirituelles) à travers lesquelles on lui montrait la grandeur et la noblesse de celui-ci. Il faisait ce qu’on appelle du vrai tarbiya (soumission) envers Serigne Abass si l’on sait bien que le Cheikh lui fit un grand virage sur sa profession de commerçant (il vendait du cola et du petit cola). En effet, lorsque Serigne Abass a entendu que Serigne Moustapha faisait du commerce, il l’interdit aussitôt en lui disant ceci : « Si tu restes dans ta maison, tu auras plus que ton bénéfice dans le commerce ». Sur ce, c’est Serigne Abass en personne qui a inauguré sa maison à Kaolack, quartier Sahm. Cette maison reste pour toujours un lieu d’accueil et d’hébergement d’hôtes venus de partout.
Serigne Moustapha Niang laissera le souvenir d’un grand savant mystique, à la probité et à la rigueur morale irréprochables. Les compagnons de Cheikhana Abass qui le connaissaient très bien peuvent aussi témoigner sur ses nombreux miracles et les grandes missions que Serigne Abass lui confiait. L’on nous confie que lors de ses derniers jours, lorsqu’on lui demandait quelque chose, il disait qu’on lui donne le temps de demander à Serigne Abass.
Il est décédé à son domicile de Kaolack en 2003 et est enterré à Nguick.
===============
SERIGNE ASSANE GAYE, UN SAVANT D’UNE COURTOISIE INDESCRIPTIBLE (Par Mansour Gaye)
LE FAVORI DES HOMMES DE DIEU : Imam Ahmad Al amine Wade (Par Oustaz Djibril Gaye)
=============
SERIGNE ASSANE GAYE, UN SAVANT D’UNE COURTOISIE INDESCRIPTIBLE (Par Mansour Gaye)
Né en 1910, Serigne Assane Gaye, fils de Meissa Gaye et de Sokhna Oumy Seck, a rencontré concrètement Serigne Abass pour la première fois en 1935 à Saint-Louis. Cette rencontre n’avait rien de fortuit, car tous les deux se recherchaient par voie mystique pendant plus d’une décennie. Les propos qu’a tenus Serigne Abass lors de cette première entrevue en disent long : « Assane où étais-tu ? J’étais à ta recherche depuis des années, car tu es indispensable dans ma voie et Dieu m’a fait savoir qu’on doit cheminer ensemble pour quarante années ». Évidemment, ce fut l’âge de leur compagnonnage. Il faut noter qu’avant de trouver Serigne Abass, il avait déjà mémorisé le Coran auprès de son grand-père Assane Faty de Gade et fait ses humanités islamiques auprès de grands érudits du pays tels Mame Pathé Dieye, El Hadji Aly Sarr de Sakal, Serigne Modou Thiam de Kaolack entre autres. Qui plus est, Serigne Babacar Sy lui avait déjà donné le wird tidiane à Tivaouane. C’est pourquoi, avant de voir Serigne Abass, il a subi une série de dissuasions de la part de plusieurs individus qui lui conseillaient de frayer son propre chemin dans la hiérarchie tidiane. D’ailleurs une anecdote avérée le confirme : un jour à la gare ferroviaire de Sakal, alors qu’il était à la recherche de Serigne Abass, un paysan qui connaît bien sa famille l’interpella en ces termes : « Assane, je connais quelqu’un qui se nomme Abass, il habite à Nguick, mais n’est ni plus âgé, ni plus instruit que toi. Tu devrais retourner à Gade pour enseigner le Livre saint aux talibés de ton père ». Celui-ci ignorait totalement que son interlocuteur avait déjà maintes fois rêvé de l’homme au vitiligo mystique après avoir fait son "listhkhar" (voyance) à Patar, un village du Njambur où il pratiquait l’agriculture. Toute cette mesure mystique, il l’avait fait pour savoir le guide religieux parfait qui puisse l’orienter dans les méandres du soufisme et dans sa quête du savoir ésotérique. En clair, il voyait en Serigne Abass le marabout parfait. Raison pour laquelle il ne portait jamais ses chaussures dans la cour de celui qui lui avait confié la présidence et la surveillance des litanies à faire lors des grands événements à haute portée spirituelle comme la nuit de la destinée, la "laylatoul khatmiya" entre autres ziara.
Aussi Mara, en plus de l’introniser imam à Ndia, puis dans sa mosquée de Louga où il officiait jusqu’à disparition, l’avait proposé à la grande mosquée de Thiokhna (Louga) où il dirigeait aussi la prière du vendredi. Signe de sa politesse légendaire, il ne passait jamais devant un troupeau qui se reposait par souci de ne pas le déranger. Son marabout légendaire détient la preuve : « La politesse et la probité morale et intellectuelle de Serigne Assane se reflètent dans tous ses poèmes et autres écrits ».
L’autre facette de celui qui a présenté Serigne Abass aux populations de Mbattar (villages de Louga) est sa qualité d’enseignant exégète. La cour de sa demeure était un centre de diffusion de connaissances islamiques et d’apprentissage où affluait matin et soir beaucoup d’apprenants qu’il a enseignés d’un pied de maitre. Illustration ne peut être plus frappante que celle qui fait référence à Serigne Abdou Salam Mbaye, l’actuel khalife de Mame Cheikh Mbaye, qui affirme avoir beaucoup appris de Serigne Assane et gratuitement.
Mais la pièce maîtresse de l’action musulmane de ce fidèle compagnon de Cheikhana Abass est sans nul doute la mosquée qu’il a édifiée à Gade, son village natal. Quoique de surface moyenne, ce lieu de culte est pour le moins symbolique. En effet, tout est parti de l’idée de quelques-uns de ses talibés de Saint-Louis consistant à lui offrir une maison en dur dans son fief. Pour cela, Gallo Diop, un riche commerçant de la vielle ville collecta les cotisations avec lesquelles il acheta 6 tonnes de ciment, un lot complet de matériel de construction et paya la main d’œuvre et le camion de transport. Une fois le cadeau arrivé à destination, Serigne Assane vit mieux d’en construire une mosquée, au lieu de se faire construire une demeure digne comme le veulent les donateurs. Ce qui fut fait. Celle-ci s’implante au milieu du village.
Quand il meurt le 13 octobre 1975, Serigne Abass dirigea la prière mortuaire et, au moment de l’enterrer, tint ses paroles rassurantes : « Je pouvais bien l’inhumer à Nguick, mais Serigne Assane est une fierté pour Gade ; je jure et je mesure mes propos que Serigne Assane fait de ce cimetière un lieu de félicité et de miséricorde, grâce à Dieu, ceux qui l’ont précédé ici, de même que ceux qui viendront après lui seront absous de tous péchés ». D’après les mêmes témoignages, c’est à ce jour de deuil de son fidèle compagnon qu’une importante partie de l’assistance a vu pour l’unique fois les larmes de Mara.
============
SERIGNE CHEIKH TIDIANE WADE, L’IMAM CHARISMATIQUE (Par M. Gaye)
S’il existe un compagnon de la première heure de Serigne Abass dont les conseils et l’assistance constante ont été toujours utiles à ce dernier, c’est bien Serigne Cheikh Tidiane Wade, mieux connu sous le nom de Pape Cheikh Wade. Cousin de Mara de par son père Serigne Lamine Wade, lui-même fils de El Hadji Ahmadou Wade, il est charismatique pour avoir été imam pendant quarante ans (années d’imâmats ratib et principal inclus) dans la zawiya-mère faisant face à sa demeure. Son imâmat, il l’a rempli, et brillamment. Par non seulement la maîtrise des sciences islamiques apprises au côté de son oncle Serigne Dame Wade et le défrichage authentique des leviers de jurisprudence, mais aussi et surtout par la ponctualité à diriger la prière et à divulguer incessamment la bonne parole. Oui ! Cet érudit observait une ponctualité déroutante dans son rôle. Pour avoir une idée de cela, illustration ne peut être plus frappante que ce témoignage de Cheikh Tidiane Gaye sur celui qui avait toujours préféré d’habiter prés d’une mosquée et qui a pu réaliser ce vœu. En effet, un jour de Louga, à la surprise de tous, Serigne Cheikh manqua à la prière de soubh sans que son absence ne fût préalablement annoncée. Les fidèles furent gagnés par une inquiétude atroce : c’est la première fois que Imam s’absente sans aviser. Dans l’esprit de tous, toujours selon Cheikh Tidiane Gaye, c’est le pire qui régnait. Mais quelques minutes plus tard, l’affaire fut tirée au clair : il affirma avoir souffert d’une insomnie qui ne l’a quittée que tardivement. « Voilà bien ce qui pouvait retenir Imam ! », disait la mosquée. « Voici quelqu’un qui ne s’absentait de la mosquée qu’en cas de maladie ou de voyage ». Ce témoignage de Oustaz Djibril Gaye à l’endroit de Imam El Hadji Lamine Wade de Saint-Louis n’est-il pas aussi légitime pour son collègue de Louga ? Ainsi, parmi les rares voyages d’absence de celui qui a reçu le wird des mains de Mara, on citera sûrement celui de son pèlerinage à La Mecque en 1985.
Soucieux de se nourrir légalement et d’en faire autant pour sa famille, il suivait à lettre la recommandation de son guide consistant à conseiller à ses fidèles de « veiller scrupuleusement à l’acquisition licite des moyens de subsistance ». Pour preuve, écoutons ce que Pape Cheikh avait dit à un de ses visiteurs du soir qu’il avait invité à diner, et qui s’empressait de rentrer : « Je doute fort que tu puisses manger un couscous plus licite que le mien qui est des plus sains, car le mil comme l’arachide ont été cultivés dans mes champs ». Par le rappel ému de cet acte, l’honnêteté de cet homme de Dieu à la connexion divine manifeste est bien saisie.
Référence morale de qualité, il conseillait dans le sens du meilleur au plus fort de chacun des embarras que subissait son guide. « Je ne pourrais remercier Serigne Cheikh Wade jamais assez, car il est de ses conseils qui m’ont beaucoup sorti de situations désavantageuses », reconnaissait ainsi Serigne Abass à propos de la sagesse de son Moqadem, l’un des premiers fidèles auquel il a affilié à la voie tidiane.
Toute âme goutera à la mort. L’après-midi du 31 décembre 1999, alors que l’année amorçait sa courbe finale pour donner le relais aux premières lueurs du troisième millénaire, Serigne Cheikh quitte ce monde qui l’accueillit en 1914. Ce jour, saint pour être un vendredi, dégageait une tranquillité hors norme, comme pour rendre hommage à un homme doux et dont l’amabilité servait à tous ceux qui l’ont connu. Il fut enterré le jour suivant dans les cimetières de Nguick, son village de naissance où sa sépulture est très fréquentée, surtout aux moments de la Ziaara. Ce fils de Sokhna Ndiaya Diop, enseignant de la première heure pour avoir ouvert un grand "Daara" à son domicile, est parti certes, mais son œuvre résonnera partout, encore et encore. Cette œuvre ô combien riche retentira au plus loin comme ses appels à la prière du temps de sa jeunesse, quand sa voix impressionnante de muezzin sans micro s’entendait jusqu’aux villages environnants de Louga.
===========SERIGNE KHALY SALL, LE PLUS QUE FRÈRE DE MARA (Par M. Gaye)
Beaucoup de nos sources, voulant louer l’exemplarité de la complicité qui existait entre Serigne Abass et Serigne Khaly, font souvent référence à l’amitié du prophète de l’islam avec Abu Bakr, son premier khalife. C’est une vérité certes, mais seulement ici, la relation est beaucoup plus intime qu’il n’y parait. Ils partagent le même père : Serigne Mayoro. Ce qui fait qu’ils sont amis, frères et… plus que-frères. En plus, l’un était marabout de l’autre. C’est pour toutes ces raisons qu’il nous faudra revenir sur le parcours de Serigne Khaly Sall et mesurer à sa juste valeur son apport incommensurable dans l’accomplissement des objectifs que s’était fixés son marabout de frère.
Très tôt orphelin de père, il fut confié à son grand frère El Hadji Malick Sall, sous l’auspice de qui il apprit le Coran et prit le wird. Plus tard, El Hadji Malick, conscient de la complicité dont faisaient montre les jeunes Khaly et Abass, confia le premier au second. Leur compagnonnage éprouvé au gré des circonstances de la vie est jalonné de bons souvenirs. Dans la voie de Serigne Abass, il était omniprésent, de tous les fronts, de toutes les étapes. Par exemple, durant les explorations à Kayel ou à Thiallé, Serigne Khaly était le lieutenant infatigable, prêt à surmonter les plus pénibles difficultés. En 1948, lors de l’installation de Serigne Abass à Louga, il était son seul accompagnateur. Le fait qu’il ait accepté d’habiter dans cette partie isolée et déserte de Santhiaba jadis appelée "tóonguoor", tellement le site était montagneux, traduit à bien des égards la sincérité de sa soumission à son aîné et le respect de son autorité. À Louga où les premières années n’étaient pas du tout roses, il était l’administrateur principal de la cour. De ce fait, il se chargeait de la gérance de tout. Du magasin à l’éducation des enfants, en passant par la surveillance des talibés ou l’intendance de la mosquée. Son utilité a bien été perçue par Cheikhana Abass qui, au cours du deuil de Modou Fall Coumba Wallet à Mbattar, a bien rendu hommage à son petit frère par ces mots : « Khaly, je voudrais à tout moment voyager ou tomber malade à ta place ! ». Et ensuite par ceux-ci : « Je ne veux d’aucune prière de quiconque prie pour moi sans t’y associer ». Si Serigne Abass agit de la sorte, c’est parce que le comportement de son petit frère est rare. Fils d’un marabout influent comme Serigne Mayoro Sall, il pouvait s’aventurer à faire du prosélytisme dans tous l’arrière-pays du Ndiambour habité presque que de fidèles talibés de son illustre père. Tout au contraire, il a toujours aimé être au chevet de son grand frère, faisant preuve de maestria dans toutes les actions que ce dernier lui confiait. À dire vrai, il était aussi serviable que ne le sont certains frères paternels.
Mais le plus grand geste de celui qui a touché la Kaaba en 1977 est ailleurs. Il réside dans la perpétuation de l’œuvre du saint homme au vitiligo mystique après le décès de celui-ci. Il fit de l’entretien de la famille orpheline son sacerdoce pour que rien ne leur manque. C’est ainsi qu’il assurait la dépense quotidienne jusqu’à ce que les veuves le supplièrent d’en arrêter. Sokhna Rokhaya Bâ en détient la preuve : « C’est moi et Sokhna Marieme qui avions mandaté Mayoro Fall afin qu’il exprime à Serigne Khaly notre décision de nous prendre en charge nous-mêmes pour la dépense, car les frais sont lourds pour lui. Mais lorsqu’il le lui dit, il refusa catégoriquement de le faire. Ce n’est que des années plus tard qu’il accepta avec regrets, quand on lui fit savoir que nos enfants ont maintenant grandi ».
Mais Serigne Khaly ne tenait pas seulement à cœur la famille. L’entregent qu’il avait l’aida bien à entretenir aussi les relations laissées par son défunt frère. Les talibés comme les amis se consolaient de ses visites de courtoisie et de ses prêches. Il ne manquait jamais à leur baptême, mariage, deuil, etc. En de pareils cas, c’était lui le premier à s’y rendre.
Quand Serigne Khaly meurt le 6 février 2009 à l’hôpital principal de Dakar, c’est tout Louga qui était dans l’émoi. Il venait d’avoir 91 ans et poussières. Inhumé le même jour avec les prières d’une immense foule insensible à la nuit profonde de Nguick, il repose au côté de son père, dans ce lieu où il aimait s’asseoir. Les témoignages fusaient de partout, mais nul ne pouvait être plus saisissant que celui de la famille de Cheikhana Abass, prononcé par le Khalif Serigne Mansour Sall : « Nous avons perdu notre père ! ». Ce père, d’une grande personnalité, a donc bien accompli sa mission.
Cependant, malgré les témoignages de tout bord, il faut avoir connu Mame Fatou Diop, sa mère, pour justifier un peu la dimension de son fils, instigateur de la construction du mur de clôture des cimetières de Nguick. Elle était réputée être une femme vertueuse qui a consenti maints sacrifices dans sa vie conjugale. Son fils lui, avec ses manières de grand seigneur, a marqué son temps. À travers ses exploits accomplis au côté de Mara, il a servi l’Islam, les musulmans et la confrérie tidiane de fort belle manière. Ce qu’on retient surtout de lui, c’est un marabout de commerce facile, un grand homme à la voix de stentor, qui traitait son grand frère avec une déférence propre aux contes de fées.
==============SERIGNE LAMINE WADE, UN GENEREUX TRANSMETTEUR DU SAVOIR (Par Mame Doudou Kane)
A-t-on le droit de dire beaucoup de choses sur cet homme qui avait toujours voulu qu’on parlât très peu de lui. Un être que de nombreux témoignages concordants par nous recueillis, ont décrit comme un homme de Dieu, un soufi, discret et effacé, qui a consacré toute sa vie à une seule et unique chose : l’enseignement et l’éducation islamiques.
Mais qui ose parler de Nguick sans faire référence à un symbole de Nguick : Serigne Lamine Wade. Ce fils de Serigne Dame Wade émerveillait tout son entourage par sa beauté physique et sa pureté spirituelle. De sa naissance à Kelle en 1925 à sa mort en 2008, Serigne Lamine Wade est parvenu à dompter plaisirs et passions pour se consacrer entièrement à la Sunnah prophétique. Il avait une belle façon d’enseigner à son entourage que le besoin pour l’au-delà est presque incompatible avec les délices d’ici bas. Et l’on convient avec lui que la meilleure des bonnes œuvres est sans aucun doute le savoir, la piété, la dévotion. Ce triptyque semblait être son sacerdoce. Pouvait-il en être autrement pour un disciple émérite qui a bien su maitriser la leçon du maitre et l’appliquer à la lettre. Serigne Lamine Wade est certainement l’un des plus beaux produits de Serigne Abass. Depuis sa tendre enfance, il a bénéficié des enseignements et instructions de son maitre spirituel. Pape Lamine excellait en matière d’orthophonie. Son maitre coranique Serigne Mamoune Ndiaye sublimait sa diction coranique. À la ziaara de Nguick, il émerveillait toute l’assistance en psalmodiant de belles invocations écrites par son maître.
Tout cela nous conforte dans notre ferme conviction que l’Imam Serigne Lamine Wade était un musulman accompli, un homme de Dieu. En l’observant dans ses faits et gestes, on comprend mieux l’enseignement du Prophète Mouhamed (PSL), dont il faisait une application constante et lucide. Courtois et discret, il exerçait par son attitude une influence décisive sur son entourage, particulièrement la frange juvénile. Incontestablement, Pape Lamine Wade est parmi ceux qui ont le plus et le mieux assimilé l’enseignement de Serigne Abass Sall.
À vrai dire, le père de Baye Dame Wade vouait au prophète un amour sincère. Il faisait de sa personne l’apparence de l’être qui savait se manifester sans se montrer. L’imam qui vibrait d’émotions et de sensations dés que le premier muezzin faisait son appel, l’imam qui raisonnait par l’exégèse coranique, l’imam qui raisonnait pour magnifier dans tous les sens l’œuvre du pôle caché Cheikh Ahmed Tidiany (RTA), l’imam qui brillait par sa piété, son humilité, ses humanités, c’est l’imam Ahmad Al Amine Wade.
Il fait bien partie de ces âmes purifiées qui retournent à leur Seigneur, accueillies par ces mots : « Entre au nombre de mes serviteurs, entre dans mon jardin » (LXXXIX, 29-30).
Qui pourrait lui rendre hommage en occultant ce beau poème ci-après de 34 vers que lui avait décerné Oustaz Djibril Gaye et qui a été traduit en français par l’universitaire Cheikh Tidiane Fall ?
LE FAVORI DES HOMMES DE DIEU : Imam Ahmad Al amine Wade (Par Oustaz Djibril Gaye)
1- La nouvelle a tellement secoué les quatre coins du pays qu’elle ne m’a pas laissé indifférent.
2- Si elle survint par la volonté du Détenteur du Décret, elle semble remporter la primeur de tout élément descriptif.
3- En effet, la mort est une source à laquelle boira tout être vivant, qu’il soit grand ou petit.
4- De par sa soudaineté, nous ressentons les effets de la douleur. Mieux, nous sommes sensibles aux conséquences de cette perte.
5- Perte d’un être cher qui prêchait avec compassion afin de préserver le genre humain de l’injustice et de la tyrannie.
6- C’est bien lui qui dirigeait la prière en psalmodiant les sourates les plus appropriés. Durant l’office, l’assistance, réceptive à souhait, se désaltérait spirituellement.
7- Il récitait le Coran sans en écorcher un mot qui travestirait le sens à l’instar de la Révélation par l’Ange Gabriel (Jibriil) interposé.
8- En outre, il enseignait la piété, l’hygiene mentale, la compréhension, la meilleure ; et cela en usant de la rhétorique du meilleur des êtres.
9- Il est aussi l’Imam qui ne s’absentait de la mosquée qu’en cas de maladie ou de voyage.
10- Et la colere ne l’habitait temporairement que si la religion accusait réception de préjudice ternissant ainsi son honneur.
11- Ou bien si une tiere personne se plaignait aupres de lui qu’elle soit sérieuse ou qu’elle plaisante, qu’elle soit aveugle ou voyante.
12- Père des nécessiteux et des orphelins, il les couvait de compassion. Qui, après lui, va se charger de leurs griefs ?
13- Dans la difficulté ou le besoin, qui va prendre en charge les préoccupations estudiantines ?
14- Si quelqu’un venait lui faire part de tristesse, il ne repartait jamais sans être soulagé.
15- À son absence, qui va se substituer à lui pour la prière avec autant d’affection ?
16- L’Imam ne se contentait jamais de régler des contentieux à la légère, mais plutôt il leur consacrait le temps nécessaire après moult vérifications.
17- C’est pour cette raison et pour d’autres dont je ne me souviens plus que je m’attriste profondément. D’ailleurs, y a-t-il raison de s’angoisser ?
18- Je m’en suis intérieurement attristé mais pas manifestement. Car j’ai la ferme conviction que le Shaykh jouit présentement d’un repos mérité.
19- Si l’on se fonde sur ses bienfaits visibles et ses adorations secrètes qu’il accomplissait de la façon la plus parfaite.
20- Un musulman qui ne s’est pas hissé à cette hauteur peut-il espérer plus que lui la miséricorde divine et les récompenses promises aux méritants.
21- Vous êtes le fidele attesté par le témoignage du voisinage. Donc, les commérages et médisances à votre endroit n’ont aucun fondement.
22- Vous êtes indulgent à l’endroit de celui qui vient présenter ses excuses. Vous incarnez aussi la magnanimité sans faiblesse aucune.
23- Vous êtes l’enseignant qui exige de ses étudiants la perfection autant que faire se peut. Vous inculquez l’éducation spirituelle par les allusions et la cogitation.
24- La bonne pratique religieuse consiste à adresser de sages conseils à tous ceux qui en ont besoin. Et vous Imam, vous en aviez fait un crédo votre vie durant.
25- Vos étudiants ont exprimé leur contentement à l’endroit du maître. De même, vous avez reçu le satisfecit de celui qui la Tarbiyya depuis votre prime jeunesses : Ibn Abass Sall.
26- Compte tenu des privilèges et distinctions tous empreints de haute moralité, vous êtes devenu le favori des Hommes de Dieu.
27- À votre disparition, une bonne mine va manquer à leur cercle à l’instar d’une nuit sans clair de lune.
28- Certes, vous avez laissé un vide difficile à combler. Seule la grâce divine pourrait aider à trouver un substitut à la hauteur.
29- Oh Seigneur ! nous sollicitions assistance pouvant nous permettre de nous délivrer de l’erreur, de nous en tenir à l’orthodoxie pure et de nous armer de la plus grande prudence.
30- Ce grand concours, nous l’implorons en faveur de sa famille tout en étant soumis au décret de la Providence.
31- Oh Imam ! nous demandons à Allah de vous couvrir de sa Miséricorde infinie doublée de son Agrément : tout cela couronné par les joyeux jardins paradisiaques.
32- Maisons de délices expressément conçus pour les pieux et dont vous êtes, s’il plaît à Dieu, un des meilleurs prétendants.
33- Oh Seigneur, notre seul refuge ! par pure générosité de votre part, que nos espoirs sur lui ne soient pas vains. Car, vous êtes le Bienfaisant, le Tout Miséricordieux.
34- Que la paix la plus complète soir sur Al Amine tant que l’oiseau gazouillera, à l’aube, de son nid. /.
Traduction de Cheikh Tidiane Fall (UGB/ Saint-Louis) que nous remercions au passage.
EL HADJI MALICK THIAW : UN CHANTEUR AMOUREUX DES QASSAYIDS (Par Modou Kama Thiaw)
El Hadji Malick Thiaw est né le 2 mars 1925 à Sakal Aliwa, village se trouvant près de Tanim Lo (Louga). Son père reste célèbre pour son statut d’érudit et d’enseignant de sciences islamiques. Seulement en ce qui le concerne, il commença ses humanités auprès de son oncle El Hadji Ndiogou Gueye (1895 – 1970), l’un des plus vieux compagnons de Cheikhana Abass. D’ailleurs, c’est grâce à lui que son neveu El Hadji Malick vint s’installer dans la cour de Serigne Abass.
SA RELATION AVEC SERIGNE ABASS
Le jeune Malick fut atteint d’une lancinante maladie que même les médecins n’avaient réussi à soigner. Son oncle l’amena chez son marabout (Mara) où, tel un cadeau, sa guérison l’attendait. C’est ainsi qu’il aura la chance d’être parmi les premiers disciples de Serigne Abass, au moment où le saint homme était plus que jamais disponible à orienter les âmes meurtries vers le Salut.
Au fur et à mesure de son tarbiya, El Hadj Malick se nourrissait des grâces divines de cette demeure entièrement parfumée par la crainte révérencielle de Dieu. Il sentait en Serigne Abass son père, l’amenant ainsi à éponger la solitude parentale.
SON VOYAGE À ABIDJAN
Peu de temps après que El Hadji Ndiogou Gueye lui donna sa fille Khadidiatou Gueye en mariage, il alla en Cote d’Ivoire sachant qu’il s’excellait dans son métier de tailleur. Ce voyage a été possible grâce à un soutien considérable de Serigne Abass.
LES RAISONS DE SON INSTALLATION À LOUGA
Quelque temps après son retour d’Abdijan, il revient à Louga chez son cher marabout qui lui vouait aussi une grande estime, mais faisait la navette entre Sakal Aliwa et Louga. Cette estime mutuelle fait que la distance finit par se supprimer. C’est parce que Serigne Abass lui octroya un terrain de 60m² tout près de chez lui.
SON AMOUR ENVERS SON GUIDE
En plus d’être un ascète assidu aux dévotions et surtout aux « zikr » du salatil fitihi, il éprouvait un amour immense envers son guide spirituel. C’est ce qui lui poussa à s’attacher à Mara comme l’homme et son ombre. L’accompagnant partout, chantant ses poèmes en public comme en privé ; et même quand le Cheikh allait ou sortait de la mosquée. Ce qui fait qu’il faisait appel à lui lors de l’arrivée d’invités pour marquer la cérémonie de bienvenue avec sa belle voix qui entonnait les beaux poèmes. Aussi quand Serigne Abass rentrait à Louga, sa belle voix l’accueillait jusqu’à ce que celle-ci fût le signe annonciateur de l’arrivée du Cheikh.
LA GRÂCE DIVINE QUI MARQUAIT SA BELLE VOIX
La voix mélodieuse d’El Hadji Malick Thiaw faisait quelque chose de particulier dans le cœur de Serigne Abass. C’est ce qui fait que le chanteur eut ses propres anecdotes avec les khassaids du Cheikh. Parmi celles-ci, un jour où il était en train de chanter le rà-iya pour son auteur qui se balancer de joie. Le chanteur continuait avec une grande mémorisation des textes jusqu’à ce que Serigne Abass enlève le grand boubou bleu bien empesé qu’il portait pour l’offrir à l’illustre chanteur. Cela rappela à l’assistance le même geste fait par le Prophète Seydina Mouhamed (PSL) lorsqu’il offrit son manteau à K’ab Ibn Zouhayr. Mais cela n’est pas miraculeux comparativement à cette autre anecdote. Si on se sait qu’un jour à Taba, il chantait en privé pour Serigne Abass comme d’habitude (Sokhna Daba Bâ en est un témoin oculaire) et que celui-ci vibrait de sensations de bonheur qui s’intensifiaient d’avantage. Ce fut sur ces entrefaites que le Cheikh entra dans une extase mystique, de même que lui.
Le 6 août 2007 (coïncidant avec le mois de rajab), depuis Khayra où il fût enterré, Aladji Malick Thiaw fût rappelé à son Créateur; son âme se sépare de lui après 82 ans pour rejoindre l’au-delà ; là-bas où il entonnera certainement les khassayds de Mara dans les plus joyeux paradis.
VERSION ARABE
VERSION ARABE
الشيخ محمد الغالي صل :إنه ـ والله ـ أكثر من شقيق
كثير من السادة الذين قابلتهم في هذا البحث بغية التعرف عما بين الشيخ عباس صل وأخيه الشيخ محمد الغالي صل من إخاء وألفة،غالبًا ما يمثّلون تلك الصداقة والتآخي في الله بما كان بين الرسول عليه أفضل الصلاة والسلام وسيدنا أبي بكر الصديق رضي الله عنه خلبفته الأول وصاحبه في الغار في ساعة العسرة، إن الحق معهم طبعا، ولكن هذه العلاقةأكبر من أن يتصوره عقل.. لأنهما من أب واحد [ مايرو صل ] مما جعل كل واحد يكنّ لأخيه صنوفامن الاحترام وأفنانا من المحبة، والعجب العجاب في الأمر وغير المتوقع بالمرة أن أحدهما هو الشيخ المربّي للآخر.. عجيب هذا...فعادةً ما تحول آصرة القربى دون الاقتناع والاستسلام،فليس من السهل مثلا أن يصدّق إنسان أن أحد أفراد أسرته تلميذٌ متفوّقٌ عليه في الدراسة فضلا عن كونه شيخا مربيا له أتباع. ولهذه الأسباب وغيرها وددنا تسليط بعض الضوء على نبذة من حياة الشيخ محمد الغالي، ودوره الفعّال ومساهماته الكبيرة في سبيل تحقيق الأهداف التي وضعها أخوه الشيخ رضوان الله عليهم أجمعين. لم يعش محمد الغالي طويلا مع والده فقد توفي وهو صغير، فكان تحت رعاية أخيه الأكبر الحاج مالك الذي علمه القرآن والفقه وأخذ على يده الورد التجاني، لكنّ الحاج مالك صل مع مرور الزمن يلاحظ ما بين الأخوين : عباس والغالي من التحابب المتزايد والاحترام المتبادل والتفاهم والتوافق غير العادي ، ومن هنا ارتأى إلحاق الأخير إلى الأول ليظلّ في رعايته.. فحينها بدأت الصحبة المنقطعة النظير بين الأخوين الأثيرين. لقد أحب محمد الغالي أخاه الشيخ عباس حبا متكاملا خالط لحمه ودمه.. حبا يضرب في جذور الأرض بحكم القرابة، ويصعد إلى عنان السماء بدافع العقيدة والمبدإ، حبا من الصعب أن يقبله العقل أو يفسره المنطق، وكان لا يشبع من النظر إليه، ينظر إلى وجهه البهيّ ولسان حاله يقول: فَلِي مُهْجَةٌ أُشْرِبَتْ حُبَّهُ وَقَلْبٌ أَقَرَّ لَهُ بِالْوَلَاءِ فكان يلازمه ملازمة العين لأختها ويرافقه في حلّه وترحاله، حتى غدا له كظلّه يسير معه أنّى سار. وإلى جانب فقد آمن بولايته إيمانا في منتهى اليقين حتى قال : " لو كُلِّفت أن آتي برابع هؤلاء الثلاثة [ سيدنا محمد ـ شيخنا أحمد التجاني ـ شيخنا الحاج عباس صل ] لن آتي به ولو أفنيت عمري في البحث عنه، فهم ثلاثة لا رابع لهم ". وهذا فناء في الحب غير متصور جعله يعيش المواقف الرهيبة التي أبلغته قمّة الإجهاد والتعب لكنه كالصُّمّ الصلاب لا يتزحزح عن نصرة أخيه الشيخ قيد أنملة، سواء حين كانوا في [كَيِلْ] أو في قرية [تشلّي] أو في قرية الأجداد [ انجه غوري ] أو غيرها من القرى، فالشيخ محمد الغالي كان في كل هذه الأماكن الشجاعَ الباسل المغوار الذي لا يفكر لحظة في أن يتوارى عن موقفه أو يتوانى عن نصرة شيخه، ولسان حاله يقول " والله ما أحب أني في بيتي بين أهلي وأولادي، معي عافية الدنيا ونعيمها، ويصاب شيخي عباس بشوكة " إنه الحب الأسطوري الخالد، الذي لم نعرفه إلا مع أمثال الشيخ محمد الغالي . وفي سنة 1948م حين كان الشيخ يختار في لوغا مسكنه المنعزل والمهجور كان الغالي هو الرفيق الوحيد الذي رضي أن يسكن معه في المكان المسمى سابقا [ تُنغُورْ ] يعني [ العالية ] لنجدته وغربته، وهذا إن دل على شئ فإن ما يدلّعلى علو الهمة ، وعلى الاصطبار على تحمل المشقات في سبيل تحقيق حياة جديدة لكن كريمةوفي مدينة لوغا.. في بدايتها الصعبة التي ما كان العيش غضّا طريّا آنذاك كان الشيخ محمد الغالي يتولى إدارة البيت رغم ذبالة العيش، فقد كان المشرف على جميع شئون البيت، سواء في تربية الأولاد وغيرهم من تلامذة الكتاتيب، أو في مراقبة البنين والبنات من أهل البيت، أو في شئون المسجد الجامع، وهكذا دواليك. وقد اعترف شيخه وحبيبه الشيخ عباس ـ في غير ما مرة ـ بدوره الفعّال، ففي يوم من الأيام، وحين كان الشيخ في تجهيز جنازة الأخ المرحوم [ مُودُ فَالْ كُمْبَ وَلّتْ ] والتي حضرها جمع غفير في قرية [ امْبَتَارْ ]، فهناك أثنى الشيخ عباس على أخيه ثناء يجلّي كرب المحزون.. ثناء لا يوازيه ثناء ولا يدانيه، إذ قال بكل شفقة وحب : " يا محمد الغالي، لا تكن أبدا مريضا ولا مسافرا ولكن دعني أسافر مكانك وأمرض نيابة عنك " وليس هذا فحسب فقد نال محمد الغالي مزية أخرى لم ينلها أحد من أقرانه بجانبه فلقد قال الشيخ عباس رضي الله عنه : " لا حاجة لي بدعاء دعاه لي إنسان إلا إذا أشرك فيه أخي الحميم محمد الغالي " إذا كان الشيخ الكبير يبوح بهذه العبارات الغالية في شأن أخيه الغالي فإن ذلك لما أظهره من نية صادقة في عمله إلى جانب حسن التعامل مع الآخرين. إنه ـ والله ـ جدير بكل المزايا فقد كان لوالده المرحوم أتباع كثر في جميع أرجاء [ انجامبر ]، فكان من الممكن جدا أن يتصدر للمشيخة بكل سهولة، لكنه على عكس ذلك كله، فقد كان يرى أن سلوى حياته في حب أخيه وخدمته إلى درجة لا يكاد يقبلها عقل سليم. وأعجب شيء في حياة هذا العارف الرباني الشيخ محمد الغالي كان بعد رحيل الشيخ عباس صل إلى جوار ربه، فقد تكفل المؤونة والنفقات اليومية على هذه الأسرة اليتيمة فكان يعولهم جميعا،حتى اشتكت السيدات وأشرن له بالتوقف ترحُّما عليه، ومن ستنا المثلى السيدة رقية باه أخذنا هذه الكلمات : " أنا و السيدة مريم لوح أرسلنا الحاج مايرو فال ليُبلّغ الشيخ محمد الغالي رغبتنا في أن يتخلى عن النفقات اليومية في البيت كي نتولى المسئولية بأنفسنا لكون التكاليف ثقيلة على عاتقه " و قبل أن ينتهى الرسول مايرو من كلامه قابله الشيخ بالرفض دون أن يتيح له فرصة لإتمام كلامه ، ولكن بعد سنوات وافق على ذلك مع التأسف رغم أنفه عند ما أبلغنه قولهن " إن أطفالنا قد كبروا " .ولم يزل يكنّ للعائلة العباسية المحبة الخالدة في أعمق قلبه. وقدرته على التعامل مع الآخرين ساعدته على توطيد العلاقات الطيبة التي تركها أخوه الشيخ فتُنمّيهاتخليدا وتوطيدا لها،زياراته لأتباع الشيخ وأحبابه في كل أرجاء البلاد كثير ا ما أفرح بها المزورين، وكان يواسي كل الأقارب والأصدقاء في السراء والضراء فلا يتخلف عن عقيقة ولا مأتم ولا عقد نكاح بل يكون أول من يفِد. ولهذا لمّا توفي رضي الله عنه في المستشفى الرئيسي بدكار 6 فبراير 2009وشاع نعيه، ارتجت مدينة لوغا لموته رجّا ودارت الأرض بكل سكانها، وفي اليوم نفسه غُسِّل وكُفِّن في وقت متأخر من الليل في انكيك فال،وصلّى على جنازته خلق كثير أمّها الخليفة الشيخ محمد المنصور صل أطال الله عمره مع شهادة في منتهى الرفعة إذ يقول : " بكل صراحة فقدنا والدنا الشفيق الحاني " والد بشخصية فريدة قد أوفى مهمته في الحياة وحقق كل أهدافه في ظرف 91 ربيعا فقط.يَا رَبَّنَا ارْفَعْهُ لِأَعْلَى مَنْزِلٍ فِي جَنَّةٍ مِنْ تَحْتِهَا اْلأَنْهَارُ أَكْوَابُهَا مَوْضُـوعَةٌ وَقِـبـَـابُهَا مَرْفُوعَةٌ حُفَّتْ بِهَا اْلأَنْوَارُ وَسِحَابُهَا مِنْ فِضَّةٍ وَلِبَاسُهَا مِنْ سُنْدِسٍ وَطَعَامُهَا أَطْيَارُ
منصور غاي
الشيخ أحمد تجان ود : رجل قلبه معلّق في المسجد
لوجاز أن يوصف رجلٌبأنه سمير الشيخ عباس صل رحمه الله ومستشاره الذي كان يفزعإلى علمه في المعضلات، ويعوّل على رأيه في الملمّات... لجاز أن يوصف به ذلك الإمام العابد الشيخ أحمد تجان ود، الذي كان من أعز أتباعه ومريديه، وما أدناه من شيخهإلا رجاحةٌ في عقله، وصدقٌ في لهجته، وإخلاصٌ في نيته، وحكمةٌ في معالجته الأمورَ. ذالك الذي تلقّى القرآن والعلوم الشرعيةعلى يد خاله الفقيه الشيخ دام ود ونهل من منهله العذب الصافي، كماأخذ الورد على يد شيخه العارف بالله، الحاج عباس صل رضي الله عنه. كان إمامافي زاوية الشيخ التي تواجه بيتَه في لوغا قرابة عشرين سنة.تلك الإمامة التي أداها على أكمل وجه وبكل براعة، ليس لاستيعابهفنونَ العلوم الإسلامية على يد خالهبكل دراية وإتقان فحسب، وإنما العجب في ذلك محافظتهالمستمرة على أداء المفروضات في المسجد لكن في أوقاتها المحددة. وأكبر دليل على هذه المحافظة و هذا الالتزام بمواقيت الصلاة شهادةُ الشيخ أحمد تجان غاي للإمام، فلنستمع إليه ليقصّ علينا الموقف: { فوجئنا في يوم من الأيام بغياب الإمام شيخ تجان ود عن صلاة الصبح لأول مرة من غير سابق إنذار، فوقفنا مندهشين أمام هذا الموقف القلق الرهيب ظَانِّين ـ وأنا منهم ـ أن الإمام وافاه الأجل ليلًالكونها المرة الأولى في غيابه عن الصلاة في المسجد فيما نعلم، ولم يمض طويلُوقتٍ حتى اتّضح الأمر وتبيّن أنه كان مصابابِأَرَقٍشديد لازمه طول الليل]. ومن ينظر إلى الالتزام الديني الفريد، وهذا الحرص الشديد على المحافظة على الصلوات المفروضة يدرك أن ما قاله الأستاذ جبريل غاي في الشيخ محمد الأمين ود [ سانت لويس ] رثاءً له عند وفاته سنة2008م إذ يقول الشاعر:[هَذَا الَّذِي لَمْ يَغِبْ عَنْ مَسْجِدٍ أَبَدًا إِلَّا مَرِيضًا وَ إِلَّا كَانَ فِي السَّفَرِ]هذا البيت لائق بالضبط لجناب خليله وزميله شيخ تجان ود الذي ما غاب يوما عن المسجد إلا عند سفره إلى الأراضي المقدسة لأداء فريضة الحج عام 1985م. وكان حبه للكسب الحلال وحرصه على أن يكون ما يسدّ به رمقه حلالا دفعهإلى الاهتمام بزراعة الأراضي ليعبد الله في جوّ لا يكدّره غير الحلال، وقد زاره ضيف وعزم على الرجوع في حينٍ كان الطعام على وشك المجيء فقال للضيف : " على الرِّسل يا فلان، انتظر الطعام فهو حلال طيب، ولربما لن تأكل طعاما مثله في الحلال فأنا المزارع وهذا الأكل محصولي من الزراعة " فهذه البداهة في الفكر، والحصافة في الرأي، وهذا الالتزام في الدين، دفع الشيخ عباس رحمه الله أن يكون عظيم الثقة به، شديد الاعتماد عليه، حريصا على أن يستشيره في صغير الأمور وكبيرها، وقد أثنى عليه الشيخ كثيرا بقوله " ليس بوسعي أن أشكر الشيخ تجان ود، فله غاية الشكر مني لما نفعتني نصائحه في معالجة الأمور العويصة ". وفي 31 ديسمبر 1999، كان له موعد لقاء مع ربه فغادر دنياه الذي استقبله منذ 1914،ومضى ليستكمل حياته الحافلة بالمفاخر عند أصحابه الأبرار، وإياك أن تحسبهم أمواتا داخل الأجداث " بل أحياء عند ربهم يرزقون".
منصور غاي
الشيخ محمد المصطفى نيانغ : الصوفيالْكَوْلَخِيّالشهير
نسبه : ولد من أب قادري الطريقة ربّاه على عبادة الله ربّه بكل إخلاص وإيمان، وكانت ولادته سنة 1920 في لوغا، ولكنه مع الأسف نشأ وترعرع في قرية [ تشيكي ] في مدينة كولخ عند الشيخ إبراهيم نيانغ، أحد معارف والده العزيز الذي رباه على قيم الحرية في الفكر واتخاذ القرار، فما راجع ابنه في انخراطه إلى الطريقة التجانية، ولا في اتّباعه شيخَه الجليل على الرغم من كون الوالد ذا مكانة مرموقة في القادرية. وبعد زمن من إقامته في القرية سافر إلى كولخ للتجارة. تربيته : حاز مصطفى تربيته الفريدة في بيت أسس بنيانه على تقوى من الله ورضوان، الأمر الذي جعله منذ حداثة سنه آية في العبادة وأعجوبة في التقوى. واستقامته وصراحته كانتا سببا في تميزه بين أقرانه عند شيخه. التزامه بالطريقة التجانية : كان شديد التعلق بالطريقة التجانية، وإلى جانب ذلك شديد الشغف بشيخه العارف الرباني الشيخ عباس لما عرف من مكانته الرفيعة بين الرجال فكان ينفق أموالا طائلةدون مبالاة في الحفلات والمواسم التي يقيمها الشيخ عباس مثل: ذكرى المولد النبوي الشريف في لوغا، والاحتفال بليلة الختمية في طابة، والتجمع السنوي لزيارة قرية [ انكيك فال ]. وكان قبل ترائيه بالشيخ دخل خلوات ليعرف دليله إلى حضرة مولاه فرأى صورة ذلك الرجل الألمعي ومكانته الرفيعة بين أهل الله، وهذا اليقين من الإيمان به جعله يتلقى كل شيء من شيخه حتى أن شيخه هو الذي أمره بترك تجارته لما سمع أن تلميذه الكولخي يزاول مهنة التجارة وقال له : " ابق في منزلك واعبد الله، ستجد ـ إن شاء الله ـ ربحا وفيرا أكثر مما تجد من هذا العمل" ومن هنا استوطن كولخ في بيته العريق في حي [ شام ] بتأسيس شيخه ودعائه المستجاب فيه، فأصبح البيت بذلك منزلا للضيوف ومأوى للغرباء حتى الآن. وكان شيخه يذكره كثيرا في مواعظه البليغة، فتسمع منه : " سألني مصطفى نيانغ يوما " أو " قلت لمصطفى نيانغ " ومن الجدير بالذكر في هذا المجال أنه قال لشيخه يوما : أهذا الذي تقوله في شيخنا أحمد التجاني رضي الله عنه من الأمداح، هل يقين عندك أم ظن وتوهم أم مبالغة؟ فأجابه الشيخ بقصيدة تحتوي على52 بيتا ومطلعها: [يَقِينًا بِأَعْلَى مَا يَكُونُ يَقِينُ فَهَلْ مِثْلُ ذِي حَقِّالْيَقِينِ ظَنُونُ] فكانت قصيدة دقيقة المعنى، رفيعة المستوى، صرّح فيها بوضوح أنه وليد روح الشيخ أحمد التجاني ووريث سرّه، وكل من ليس الشيخ التجاني أباه روحيا لا يمكنه أن يعرف في شيخنا ما يعرفه هو فيه. خلّف الحاج مصطفى نيانغ للجيل الجديد أسمى معاني التضحية في الحياة، لما كان يقوم به من أمور الشيخ بإذنه في أعسر الأحوال وأصعب الأزمان ، ومعارفه وأقرانه الذين جمعتهم الساحة العباسية يرون فيه جلال المؤمن ووقار المتصوف وعزة العابد الفاني. وكان شيخُه عظيمَ الثقة به في الأمور كلها، وهو بنفسه كان قبل وفاته كلّما سئل عن أمر قال: " لابد أن أستشير فيه شيخي الحاج عباس. توفي رحمه الله في بيته عام 2003 ودفن في قرية [ انكيك فال ]
مغي غي
الشيخ حسن غاي رضي الله عنه: المسلم المتديِّن، والشاعر المتفنِّن
في سنة 1910من الميلاد، ولد للإسلام مولود جديد مشرق الوجه رائع المجتلىباسم حسن غاي في قرية [غَدّْ ندمْبَ]قريبة من سكّلْ، وفيها نشأ وترعرع من أبوين كريمينالشيخ ميس غاي والسيدة أُمِّ سك، عُرفا برجاحة العقل وكمالة الفضل..ولما أيفع الغلام الأريب مضى مقبلا على مجالس العلم إقبالَ الظِّمَاءِ على الموارد العِذاب، فحفظ القرآن العظيم حفظا متينا على يد جدّه المقرئ الشيخ حسن فاتِ في [غدّ ندمب] مسقط رأسه ، وتفقّه على فقيه عصره الشيخ مام باتي جيي والحاج آل سار في سكل، وأخذ على يد كل منهما كثيرا من مختلف العلوم، كما درس كذالك على يد العلّامة الشيخ مود تيام في كولخ.وهكذا نهل من علمهم بكتاب الله، وفقههم بدين الله، ومعرفتهم بعلوم اللغة ما أفعم عقلَه حكمة وعلما، وأترع نفسَه صلاحا وهَديا. حينها انخرط مبكرا في سلك الطريقة التجانية على يد الخليفة العام للأسرة المالكية في تواون ساعتئذ الشيخ أبي بكر سه رضي الله عنه .
البحث عن الشيخ المربِّي:لمّا كان الشيخ حسن متميزا في العلم مع فطنته الحادّة، وذكائه الفذّ، وخُلُقِه الرفيع، تكبّد العناء والمشقة في سبيل البحث عن شيخ مربٍّ عارف المسالك قادرٍ على إزالة العوائق والعلائق الحائلة دون الوصول إلى حضرة ربه جل وعلا.. الأمر الذي جعله عاش حقبة من الزمن بين مشكلات عويصة وصعوبات جمّة ، تجاه عِدّةٍمن الأفراد الذين كانوا ينصحونه بالاستغناء الروحي عن شيوخ عصره من حيث التربية والترقية ولنا في ذالك حكايات منها: أنه عندما كان يسافر بين المدن والقرى للبحث عن الشيخ الدليل، والعارف الجليل، الحاج عباس صلالتجاني، التقى بفلاّح عند شركة السكك الحديدية في [سكّل] يسأله هل عرف شخصا باسم عباس صل؟ فعرف الرجلُ مرادَه من المسئول فقال له: {أعرف شخصا يسكن قرية [انكيك فال] وهو الآن في [ سانت لويس ] يدرّس هناك، لكنه ليس أكبر منك سناًّ، ولا أكثر علما ولا.. ولا... حتى يكون شيخا لك " وأردف الرجل دون أن يتيحَ له فرصةً للكلام قائلا: ارجع يا حسن إلى أرض [غدّ ندمب] لتوعية تلامذة والدك الشيخ ميس }لكن حسن تجاهلَ تماما قولَ أخيه المزارع كأنْ لم يقل شيئا، إذ كان قبلُ استخار الله تبارك وتعالى في خلَواته ومناجاته كي يُريه الشيخَ الواصلَ الموصلَ إليه سبحانه، وفي هذه الاستخارةالباطنية التي أجراها بالضبط في [ بَتَالْ ] قرية من قرى انجامبر حيث توجد مزارعه، وبوضوح ، رأى في استخارته هذه صورة شيخٍ اسمُه عباس صل، فأخذ يجوب القفار والفيافي متكبِّدا عناء السفر والترحال حتى التقى به في مدينة [سانت لويس] وفي حيّ [ بلكوس ] بالضبط سنة 1935م بعد جُهْدٍ جَهيدٍ. وكون هذا اللقاء والترائي ليس من قبيل الصُّدفة لايتطلب كبير عناء، فبمجرّد أن رآه الشيخ للمرة الأولى تهلّل وجهه وسرى الفرح والسرور في عروقه وعانقه قائلا: { أين كنت يا حسن؟ منذ سنوات وأنا في البحث عنك، لأن لك دور مهمّ في حياتي، ولأن الله سبحانه علمني أنك لابد أن تصاحبني لمدة أربعين سنة } فكانت مدة الرفقة بينهما كما قال، ومن هنا ابتدأت الصحبة بصدق واحترام متبادل ما يزال التاريخ يُكِنُّهما في أزهى صفحاته، ويذكرهما بلسانٍ نديٍّ بالحمد رطيبٍ بالإكبار.
مكانته الشريفة عند شيخه:لقد أظهر الرفيق الصالح من ضروب التواضع وصنوف الأدب والاستقامة ما زاد الشيخ عباس إعجابا به، وإكبارا له، وتقديرا لمزاياه، حتى عيّنه إمامًا في قرية [انجه غوري]يؤمّهم صلاة العيدين عند غيابه، وكان إماما في مسجد الشيخ في لوغاحتى لحظة وفاته، كما عُين إماما راتبا في المسجد الجامع بـ [ تشُوخْنَ ] لوغا ردحًا من الزمن، فكان يؤمّهمهناك صلاة الجمعة، وكان إلى جانب هذا كله أمينَ سرٍّ لشيخه الذي أوكل إليه مهامَّ رئاسة وسيطرة الأذكار والأدعية في الحفلات والأحداث الكبرى ذاتِ الأهمية الروحية مثل : الليلة الختمية، وليلة القدر، وخاصة في هذا التجمع السنوي الذي نحن فيه لزيارة قرية [انكيك فال] المحروسة، هذه الزيارة التي تتميز في كونها غارقة في تلاوة القرآن الكريم ، وذكر أسماء الله الحسنى وخصوصا اسم الله [اللطيف]، بالإضافة إلى أعداد هائلة من الهيللة والحسبلةوالحوقلةوالبسملة وبعض أدعية الصالحين فكان الشيخ حسن غاي له شرفَ تولِّي إدارة هذه الأذكار كلها. وإلى جانب كل هذه المناصب التي حازها والمكانة الرفيعة التي تبوّأها بين أقرانه عند الشيخ، كان متواضعاتواضعا منقطع النظير إلى درجة أنه ما كان يمرّ على قطيعة غنم خوفًا من إزعاجها، وإن كان تعاملُه مع البهائم هكذا فكيف ببني البشر ؟ ومن أدبه الخارق للعادة أنه ما لبس نعلا في ساحة الشيخ عباس ـ ولو مرة ـ لكمال أدبه وتواضعه، وأكبر من ذالك أنه لا يمرُّ على الشيخ في طريقٍ ـ ولا واحدة من أهل بيته رضوان الله عنه وعنهنَّـ وهو لابسٌ نعله، فلقد رجع مرة من السوق ورأى امرأة من بعيد لم يتبيّنها بعدُ، ولماأدركها تبيّن له أنها أمّ المساكين السيدة مريم لوح رحمها الله فأسرع بتأبُّطِ نعلِه حتى مرّ بها، وعلى بُعْدٍ منها لبس نعله مواصلا سيره ، وهذا قليل من كثير وقَطرة من محيط أدبه الذي شهد به شيخه الحاج عباس قائلا:{ الشيخ حسن غاي يفوح روائح مسك الأدب والورع من كل جوانبه حتى أنها تنعكس في أشعاره وكتاباته }.
الشاعرالمفلق:كان يعتبرـ بحق ـ أكثر من مدح الشيخ عباس صل رضي الله عنه وأشاد بأخلاقه الحميدة، وخصاله الرفيعة، ونوّه بمواقفه الطيبة ودافع عنه بقلبه وقلمه ولعله كان من أعرف الناس بهذا الشيخ الدليل حتى كان يقول: { لا عيب في شيخي الحاج عباس سوى أن من اعتاد مجالسته لا يستطيع مجالسة الآخرين } . يقول في الشيخ عباس شيخه في إحدى قصائده اللامية :
وعطّف عنانا للملاذ الذي جلت فضائله في العالمين أخا اعتلايريك طريق الحق، والحق واضح ولا ظلمة فيه ولا فصل من وصلا طريق الهدى للسالكين وسيلة كفاية محتاج فأكرم به فحلاسراج لأهل الرشد للدين نيّر فمقتبسٌ من نوره يرتقي سهلا فهُوْ السند الحاج ابن عباس من نفى بتعليمه جهلَ الجَهول لو ستعلى ومرة أخرى يقول في شيخه فيميمية رائعة وانح أُخيّ لمرشد متبصريهديك للحقِّ المعينِ المنعمِمثل ابن عباس الصفيّ أبي الأرامل منقذِ الملهوف مبصرِ من عمي فاشدد يديك عليه لاتلهيك عندرك المنى جاهٌ بأنساب العم فلئن رددت شبابتي فلأبذلنْجهدي إليه بخدمة المستحكم
عبقرية الأستاذ الفريدة:كما أخبرنا آنفا من أن الشيخ حسن أقبل على طلب العلم من نعومة أظفاره فوجد العلمُ فؤادَه غضًّا طريًّا خاليا فتمكّن منه واستقرّ فيه، وجعل همَّه الأكبر التضلُّعَ في الرسوم والعلوم حتى تبحّر فيها، وصار بدرا بتألّق في سماء العلم، وبدأت تتجلى قدراته العلمية الفذة، الأمر الذي دفع طلاب العلم يتزايدون عليه يوما بعد يوم لسؤاله والنهل من معينه العذب، فاشتغل بالتدريس حتى كانت ساحة بيته الواسع تُغَصُّ على رحبها بمحضر كبير من محاضر العلم لم يُر له نظير، إذ كان يتحلّق حوله كثير من طلاب العلوم الشرعية واللغوية الذين راعَهُمْ منه بيانُه المُشْرِق، وعِلْمُه المُتدفِّق، وحافظتُه العجيبة. وممن تتلمذ على يديه الشيخ عبد السلام امبي خليفة الشيخ أحمد الكبير امبي الحالي، فقد تعلم الكثير من العلوم على يد هذا العالم العلامة والمدقق الفهامة رضي الله عنه وأرضاه .
المسجد الجامع في قريته [غدّ ندمب]: ومن ثمرة جهوده الجبارة في سبيل التربية والتعليم، أنْ عزم بعض تلامذة الشيخ حسن الذين يسكنون مدينة [سانت لويس] أن يبنوا لشيخهم الفريد الفاقد المثال بيتا خاصا له في قريته الأصلية [غدّ ندمب] ، وفي الواقع بدأ الأمر مع فكرة تلميذ له يدعى [غالو جوب] وهو تاجر ثري في المدينة، فقام يجمع التبرعات من الطلاب، ليشتري منها 6 طن من الإسمنت وكل أدوات البناء، مع الشاحنة التي تنقل ذالك إلى قرية الشيخ. ولما وصلت الهدية هذه لأول مرة إلى القرية رأى الشيخ أن تقدَّم هذه الهدية إلى الله جل في علاه فتكونَ بيتا له سبحانه بدلا من أن يكون بيتا لعبدٍ لله راحلٍ عن الدنيا عن قريب لا محالة، فكانت الهديةُ المسجدَ الجامعَ الذي في وسط القرية. ولما توفي الشيخ حسن رضي الله عنه في 13 أكتوبر 1975 قام شيخه الحاج عباس بغسله وتكفينه والصلاة عليه، وعند الدفن قال قولته المشهورة: { كان من الممكن جدا أن يُدفَن الشيخ حسن غاي في [انكيك فال] لكنه مفخرُ قريتِه [غد ندمب] هذه فدفنّاه فيها،وأقسم بالله الذي لاإله إلا هو: إن هذه المقبرة مكان رحمة ومحل استجابة الدعاء ما دام قبر حسن فيها،وكل من وجده الشيخ حسن غاي ومن لحق به في هذا المكان أبشرهم بمغفرة من الله ورضوان وجنات لهم فيها نعيم مقيم }. وعند انتهاء هذه الكلمات العالية الغالية يرى الحاضرون لأول مرة دموعَ الشيخ عباس صل السائلة من فقدِ رفيقه وصديقه الصادق الحال والمقال، عليه رحمة الله ورضوانه وبركاته ما أشرقت الشمس أو طلع الهلال.أأ
منصور غاي
الشيخ محمد الأمين ود : أحد ينابيع العلم الصافية
يجدر بنا الآن أن نتحدث طويلا حول هذا العارف الرباني الجليل، الذي ما كان يحب ذلك. رجل اتفقت الشهادات التي وصلتنا على أنه كان وليا بكل ما للكلمة من معان، متصوفا عابدا، زاهدا عن حظوظ النفس ومتاع الدنيا، وقف كل حياته على أمرين لا غير: التعلم والتعليم. لا يتأتى لأحدٍ الحديث عن هذه الزيارة دون أن يذكر أحد أعلامها: الحاج محمد الأمين ود. إنهتميز بين معارفه بجمال ظاهره وصفائه الباطني، فقد نجح منذ ولادته في [ كيل ] سنة 1925 إلى وفاته سنة 2008 في تزكية روحه وتجريده عن كل ما سوى الله، وتحليته بالمعارف والأنوار واقتفاء السنة النبوية. وكان له أسلوب فريدفي تعليم طلابه أنه لابد تربية النفس وترويضها، وحطّ كل أعباء الشهوات للنيل بما عند الله تعالى من الأجر الجزيل. ويتفقون معه لكون العلم والعبادة وتزكية النفس أفضل ما اشتغل بها المرء في الحياة، وهذه الثلاثة كانت محل اهتمامه. وكيف لا يكون كذلك وهو مريد مخلص استوعب كل ما علمه شيخه ؟ الشيخ محمد الأمين بكل صراحة كان من أجمل صبغات الشيخ وأبهاها، فمنذ أن كان طفلا استفاد كثيرا من تعاليم دليله الروحي. فقد كان مولعا بتدقيق العلم وفي تجويد كتاب الله جل وعلا، فكان يعطي كل حرف حقه ومستحقه من حيث النطق والمخرج، حتى أن أستاذه الكريم الحاج مأمون انجاي كان شديد الإعجاب بحسن تجويده وعلمه بدقائق الأمور. وفي هذه الزيارة بالذات كان الناس معجبين بقراءته الفريدة للذكر الحكيم في الصلاة، وفي تلاوته الجميلة لبعض الأدعية المأخوذة من شيخه رضي الله عنهم أجمعين.وكل هذا مما يصدق قولنا بأن الشيخ محمد الأمين ود كان مسلما كامل الإسلام، تتجلى في أقواله وتصرفاته تعاليم رسول الله صلى الله عليه وسلم، فكان قدوة حسنة لكل معاصريه والشباب خصوصا. وبدون أي مبالغة، كان من أكثر الناس تلقيا تعاليم الشيخ عباس صل رضي الله عنه.حقيقة، كان يُكنّ محمد الأمين والد باي دام ود لرسول الله صلى الله عليه وسلم الحب الصادق الصافي، حاول أن يكون ظاهرا بجمال أخلاقه دون أن يظهره بنفسه. الإمام الذي كان دائما يسري الفرح في عروقه متى ما أذن المؤذن للصلاة، والذي كان يستدل في كل أقواله وفعاله بكتاب الله وسنة رسول الله، والذي كان يبرز في مواعظه القطب المكتوم أبا الفيوض والبركات شيخنا أحمد التجاني، والذي كان متميزا بعبادته وتواضعه وعلمه، ذلكم الشيخ الحاج محمد الأمين ود كانت نفسه في الحقيقة من النفوس التي سيخاطبها ربها بقوله: " يا أيتها النفس المطمئنة ارجعي إلى ربك راضية مرضية فادخلي في عبادي وادخلي جنتي " . فمن يرثيه بعد رثاء الأستاذ جبريل غاي له ببراعة التعبير بقصيدة في 34 بيتا وترجمه الأستاذ شيخ تجان فال بالفرنسية ؟
الأستاذ مام دود كن
الشيخ الحاج مالك تياو : المُغْرَمُ بقصائد شيخه والمغنّيبها
الحاج مالك تياو من مواليد [سَكَّلْ أَلِّوَ]قرية قريبة من [ تَنْعِيمْ لُوحْ ] ولد فيها في اليوم الثاني من شهر مارس سنة 1925متقريبا .وكان أبوه علما لا يبارى في فقه الشريعة، لكنه مع ذلك تلقَّى مبادئ العلم على يد خاله الفقيهالعابد،انجوغو غي 1895/1970م ، الذي كان من أعزِّ أصدقاء الشيخ عباس صل التجاني، ومن أوائل أتباعه المخلصين، على الرغم من أنه أكبر سنّا من الشيخ، وكان سببا في مجيء الحاج تياوإلى الشيخ رضي الله عنه.
علاقته بالشيخ عباس صل رضي الله عنه :أصيب الشاب الحاج تياوبمرض عُضال لازمه عُقودًا من الزمان ولم يفلح الأطباء في علاجه، فأتىبه الخالالشغوف إلى شيخه العارف بالله الحاج عباس صل رضي الله عنه، ليتلقى المريض أولى هدايا الشيخ عباس له، وهي الشفاء. وهكذا حالفه الحظ كي ينخرط سلكَ السابقين إلى هذا الشيخ الدليل، في حين لم يكن يحتاج الشيخ أكثر من قلوب متفتحة ونفوس صافية وشخصيات قوية تملك حرية الفكر والقدرة على اتخاذ القرار والدفاع عن المبادئ مهما يكن الثمن.وبمرور الأيام... يتلقى الشاب مالك تربيته من هذا البيت الذي يتضوَّع العلم والتقى في كل أرجائه، ويشعر كل يوم أنه في بيت أب شفيق عطوف، فجعل يسلو به عن والديه، وعن أول أرضٍ مسّ جلدُه ترابَها، لكونه يحتل في نفس الشيخ عباس منزلة الولد من أبيه.وبعد أن زوّجه خالُه الشيخ انجوغو بكريمته السيدة خديجة غي رحمها الله، عزم على السفر إلى ساحل العاج بعد أن غدت حرفتهـالخياطةـ تدرُّ عليه الربح الوفيرَ والخير الكثير، فأعانه شيخُه الجوادالشيخ عباس على ذالك.
ظروف أسكنته لوغا:وبعد زمن... عاد مالك من سفره الميمون سالما غانما إلى لوغا، حيث يجد شيخه ومحبوبه الذي كان يحبه حبا أكبرَ من أن يوصف، كما أن شيخه أيضا يحبه ويحترمه إلى أقصى حد ، وكان في بادئ الأمر يغدو إلى الشيخ من قريته [ سَكَّلْ أَلِّوَ] ويروح إليها، إلا أن الحبّ والاحترام المتبادل كان كفيلا بأن يقرِّب المسافات بينهما، فاستبقاه الشيخ عنده في لوغا وقطع له 60 مترا مربعا بجانبه مسكَنًا له .
المغنّي في ساعة العسرة:بمرور الوقت ... بدأت مواهبُ الحاج مالك في الظهور، فلقد ظهر حرصُه على حفظ قصائد الشيخ عباس ، حتى أصبح متميّزا بين أقرانه بشغفه الشديد للقصائد، ينسجم معها وينتعِشُ بنفحاتها التي تهز فؤاده ووجدانه، يشعر معها بسعادة تنتقل من قلبه إلى كل ذرة في جسده . وهكذا مضى يحفظها بشغف وحبّ ويُغنّي بها في الحفلات والمواسم بصوت فريد يستلين القلوبَ ويستدرّ الدموعَ .ومن الجدير بالذكر أنه لم يكن طبيعيا أن يجهر أحدٌمن الناس بقصائد الشيخ الحاج عباس صل التجاني في ذلك التوقيت، فطبيعة الحال لم تكن تتطلب ذلك، إلا أن شخصية الحاج تياو التي لم تكن تعرف الخوف يوما ، والتي لا تتوقف أمام حسابات ردود الأفعال من الآخرين، دفعته إلى تجنيد نفسِه شاعرَ الشيخ والمغني بقصائده في كل مكان، وإن كان أجره في ذلك بِتَلَقِّي اللَّكَمَات والصَّفَعَات من كل اتجاه.
فناؤه في محبة الشيخ:كان الحاج مالكفانيا في محبة شيخه ، وهذا الحبُّ الشديد لهدفعه أن يلازمه في أكثر الأيام ملازمةَ الظلّ لصاحبه، فكان يمشي وراءه يتلو قصائده في كل حين، وحتى عند خروج الشيخ من المسجد إلى بيته. وما حلَّ ضيفٌكريمٌ أو شريفٌ من الشرفاء ساحةَ الشيخ إلا ويستدعي الحاج تياو ليكونَ قِرَى ضيفه صوتُه الرائع بقصائد شيخه الرائعة، وما قدِم الشيخ أيضا من سفرٍ إلى لوغاإلا أهطعإليه في الحال، يستقبله بقصائده الفريدةعند باب الغرفة، حتى أن بعض الناس كان يُعْلِمُهم صوتُه العذبُ مجيءَ الشيخ رضي الله عنهما .
موهبته في صوته النديّ :كان لصوته أثره في قلب الشيخ عباس فكان يأنسُ له ويستعذبُه، وكان له مع القصائد مواقفً ما زال يكنُّها التاريخ في أزهى صفحاته ويرويها الخلف عن السلف. منها : أنه كان ذات يوم في مجلس الشيخ يغنّي بقصيدته الرائية الفريدة في مدح النبي المصطفى صلوات ربي وسلامه عليه: فكأنّ لذّةَ صَوْتِهِ ودبيبَها سِنَةٌ تَمَشَّى في مفاصِلِ نُعَّسِومازال يواصل القصيدة بحفظه المتين، وصوته الرائق الجميل، حتى تغير ملامح وجه شيخنا عباس فخلع بردتهالفضفاضةوألبسها الشاعر الحاج مالك تياو بكيفية تذكّر الحاضرين ما فعل الرسول صلى الله عليه وسلم بالشاعر كعب بن زهير.وإن تعجب فحسبك من عُجاب.. يوم كان الشاعر عند الشيخ عباس في قريته المحروسة [طابة] يتلو عليه ـ كعادته ـ القصائدَ فأخذ الشيخ يتحرك من شدة الفرح وتتهلل أساريره، وما زال يزيد في تلاوته وحالُهما في تغيُّرٍ حتى سقطالمستمع مصروعاثم القارئ رحمهما الله. وفي اليوم السادس من شهر أغسطس سنة 2007م، لبّى الحاج مالك نداءَ ربّه في غرّة رجب الفرد في قريته المحروسة [قاهرة]، ففارقت روحه المباركة جسدَه ودنياه، عن عمرٍ يناهز بضعا وثمانين عاما، ليحيا في دنيا أرحب وأفضل، وليلحق بحبيبه وشيخه رافعا صوته الجميلَ بأشعاره الجميلة في أعلى فراديس جِنانالخلد إن شاء الله تعالى.
مود كماتياو
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire